Je me présente Hugo Kedzierski et j'ai maintenant vingt ans. Je suis né(e) le 14 novembre 1993. J'étudie en mathématiques. Je suis un villageois. Je suis présentement officiellement célibataire, officieusement en couple, et je suis un homosexuel qui ne s'assume pas trop. On me confond souvent avec Logan Lerman.

Hugo a l'air d'être un gentil petit villageois à qui rien n'arrive jamais. C'est quelqu'un de brillant, extrêmement intelligent et rusé, même s'il a une légère tendance à avoir la grosse tête, parfois. En tout cas, il est du genre fier et aime bien parler de lui, sans être pour autant vantard. Il a une personnalité assez équilibrée : il est serviable et généreux tout en conservant une part d'égoïsme assez marquée, il est à la fois intuitif et réfléchi, il déteste être prudent mais n'hésite pas à l'être quand il le faut. Il est donc tout ce qu'il y a de plus banal. Toutefois, il ne faut pas le prendre pour un idiot. Hugo déteste être manipulé, et il adore fouiner là où cela ne le regarde pas. S'il y a quelque chose qu'il ne comprend pas, il est prêt à aller au bout de ses recherches. Et sa détermination est telle qu'il peut se montrer très radical si nécessaire...

La vie d'un être normal, un simple villageois, n'est pas si exceptionnelle que cela. Et de toute ta vie, tu n'as jamais eu à te plaindre. Tu as quelques problèmes particuliers, mais aucun de ces drames qui plaisent tant aux lectrices et font de toi leur personnage préféré. Non, toi, tu es juste un type bien. Quelqu'un qui n'a pas eu de la chance dans la vie dès le départ, ou presque. Qui n'a pas pourtant à se plaindre de ce qui lui arrive. Évidemment, tu habites à Tircelieu, ce qui veut dire que tu habites au milieu de personnes folles à lier, pourvues de capacités surnaturelles, et tout ce dont tu as rêvé quand tu étais petit. Et tu sais que les choses ne sont pas comme elles le paraissent. Même si tu es loin de te douter à quel point c'est vrai...

Tu es né en novembre 1993, vers le milieu du mois. Le 14 est très vite devenu une date importante pour toi, mais pas parce qu'il s'agit de ton anniversaire. Pendant les premières années de ta vie, c'était une date funeste. Nulle réjouissance à l'horizon, tu recevais tes cadeaux à la fin du dîner, tu avais le droit de regarder les dessins animés un peu plus tard avant d'aller te coucher. Pendant la journée, tu allais au cimetière avec ta mère. La Toussaint n'avait plus lieu le 1er dans ta famille, à cette époque-là. Mais tu étais heureusement trop jeune pour comprendre ce qui anéantissaient à ce point tes parents. En vérité, tu es né avec un frère jumeau. Il s'appelait Jake et il n'était pas mort à la naissance. Il était décidé à cause de la négligence de tes parents. Noyé dans son bain à l'âge de trois mois. Tu en portes toi aussi la responsabilité, puisque ton père, qui était seul à la maison au moment des faits, a laissé de ton côté ton frère pour venir te calmer. Trois mois, c'est long. Et tes parents en ont longtemps souffert. A tel point qu'ils ont fini par divorcer, ne cessant de rejeter la faute sur l'autre : ta mère, parce qu'elle n'était jamais présente pour vous, et laissait ton père se débrouiller seul avec deux bébés ; ton père, pour avoir pris la mauvaise décision. Tu avais deux ans quand tu as vu ton père quitter le domicile familial. Ta mère avait eu gain de cause : c'était lui, le responsable de la mort de Jake, et le juge avait préféré ne pas lui confier la garde du second jumeau. As-tu jamais eu conscience d'un manque, cependant ? Parfois, tu te sens diablement seul, et tu te dis que tu recherches éperdument ton frère jumeau. Que tu le cherches à un point tel que cela se ressent sur ta vie sentimentale.
Mais le 14 devint une date importante, car ce fut le jour où tu rencontras ta meilleure amie. Tu fêtais tes trois ans ce jour-là, tu commençais à savoir parler. Tu l'as rencontrée au parc, mais c'était une de tes voisines. Une jolie petite fille, toute de rose vêtue, qui jouait tranquillement sur la balançoire. Tu lui as demandé si tu pouvais te balancer à côté d'elle, elle a dit oui, et vous avez joué en silence. Ensuite, vous avez traîné dans le bac à sable. Quand vous avez dû rentrer chez vous, vous avez fait le même chemin, car vos parents allaient dans la même direction. Vous étiez main dans la main, et les adultes vous plaisantaient sur le fait que vous formiez déjà un vrai petit couple. Quand tu étais enfant, tu le pensais aussi. Tu croyais qu'elle serait la fille de ta vie, car elle était juste géniale. Jamais tu ne t'es tant amusé avec quiconque d'autre. Vous avez pendant longtemps joué aux amoureux. Et vous avez célébré cette date comme les amoureux la célèbre : le jour où votre amitié est née.

Quand tu es arrivé à l'école, tu n'avais pas conscience des différences sociales. Pour toi, un enfant restait un enfant. Mais plus le temps est passé, et plus tu l'as compris. Toi, tu étais avec les gens de ta catégorie ; tu étais entouré des enfants de bonne famille. Car même si ta mère était une incapable finie, qui ne savait pas s'occuper de son fils, elle était très estimée, dans la société. Pourquoi ? parce qu'elle était riche. Alors tu allais dans une école de riches en compagnie de ta meilleure amie, elle aussi fille de riches personnes. Cependant, tu as fini par comprendre qu'il y avait aussi de la pauvreté et du malheur en ce bas monde. Tu l'as su lors d'une compétition entre écoles. C'était une compétition où chaque élève était invité à participer selon la matière qu'il préférait - et ce n'était pas les mathématiques, que tu détestais. Tu avais choisi d'affronter les autres en dictée, et tu t'en étais sorti avec les honneurs. C'était alors que tu avais entendu une phrase, une phrase qui allait te marquer à jamais : « C'est facile d'être doué quand on a de l'argent. » Parce que tu te rends compte à quel point c'est vrai. Pour toi, ça a toujours été facile.
Mais les gens ne savaient pas pourquoi tu étais si bon à l'école. Oui, tu allais dans la meilleure école et tu avais les meilleures vêtements. Oui, tu fréquentais les meilleurs citoyens et tu possédais les meilleurs jouets. Toutefois, tu n'avais pas ce qui comptait réellement : l'amour. Ta mère t'aimait, on pouvait bien te le dire, tu savais qu'elle ne t'aimait pas assez. Parfois, elle oubliait de venir te chercher, et tu étais obligé d'attendre parce qu'on ne voulait pas te laisser sortir seul. Elle ne savait pas cuisiner et, pendant qu'elle allait au restaurant, elle te laissait des plats à réchauffer. Elle t'achetait tout ce que tu voulais en échange, mais elle ne pensait pas à s'inquiéter pour toi, sauf quand tu venais la voir pour lui dire que tu étais malade. Tu avais ta meilleure amie qui te soutenait, mais le soir, tu étais seul chez toi. Alors tu faisais sagement tes devoirs et tu prenais de l'avance. Tu es devenu si bon que tu as sauté une classe.

Ta mère a fini par se remarier, bien sûr. On ne peut pas demander à une belle femme de rester indéfiniment célibataire. Elle s'est mariée et a changé de nom, mais ça ne t'a pas dérangé, car tu portais toujours le nom de ton père au lieu du sien. Tu avais quand même de la chance. Ton beau-père était très gentil, et bien plus attentionné que ne l'était sa mère. Cela t'étonne toujours qu'elle ait eu le coup de foudre pour un simple plombier, elle qui a une vie professionnelle si réussie. Tu te serais attendu à ce qu'elle exprime du mépris pour ce type de personnes, mais non. Ton beau-père a toujours été très sympathique avec toi. Grâce à lui, tu as réussi à retrouver une stabilité. Le problème, c'est que tu avais déjà passé plus de six ans de délaissement, et tu allais bientôt te rendre dans une école beaucoup plus loin de ton domicile. Votre complicité s'est développée, mais pas assez pour remplacer le père qui te manquait.
Dans ta nouvelle école, tu es rapidement devenu un des meilleurs élèves. Et si, au départ, tu détestais tout ce qui était calcul, tu as fini par apprécier les mathématiques. Plus que les autres matières, même. Il te semblait que c'était tout naturel, et tu as su que c'était ce que tu allais faire. Tu as eu de nouveaux amis, même si ta meilleure amie était toujours là, tu as commencé à sortir, à boire, à fumer. Le tout, progressivement, comme un jeune normal. Tu allais à des soirées. Tu n'en avais rien à faire de ce que te disait ta mère ; avec le temps, vos relations s'étaient dégradées, et tu n'avais presque plus de respect pour elle. Tu écoutais encore ton beau-père, parfois. Avec lui, tu pouvais avoir des discussions d'homme, tu lui posais tes questions. Tu lui parlais des filles. Tu les regardais parce que tout le monde les regardait, tu les trouvais jolies. Mais une voix au fond de toi te disait que quelque chose n'était pas normal. Que tu ne ressentais pas ce que tu aurais dû ressentir pour elles. Comme tes copains, tu as couché avec plusieurs filles sans avoir de sentiments pour elle, et ça t'a plu, mais tu avais l'impression que tu ne les désirais pas vraiment. Tu désirais plus être un homme que de baiser une fille. Tu trouvais cela charmant, mais sans plus. Tu ne regardais pas les garçons. Cela te paraissait tout simplement impensable. Elle aurait dit quoi, ta meilleure amie, que tu savais être véritablement homophobe depuis que son père s'était barré avec un homme ?

Hélas, cette question allait te poursuivre. Tu as pu commencer tes études, choisissant les mathématiques parce que c'était devenu une vraie passion. Tu as pris un appartement pour être plus proche de l'université, et surtout, pour échapper à ta mère qui est devenue totalement insupportable. Et tu es doué dans ce que tu fais. Ta vie te semble désormais parfaite, il n'y a aucune tâche d'ombre. Oui, mais voilà. Il y a ce garçon qui est venu tout chambouler. Tu pensais vraiment que tu allais avoir une petite vie tranquille, avec une femme merveilleuse et des enfants adorables. Tu aurais recréé la famille que tu n'as pas eu. Mais cela ne semble pas être ta destinée. Tu l'as vu, lui, tu as commencé à aller au bar avec lui. Tu as beaucoup bu avec lui. Et puis le reste est venu naturellement. Pour la première fois, tu as compris ce qu'était le désir, tu as découvert l’abîme dans lequel l'amour vous fait plonger. Tu t'es senti attiré par ses lèvres, et tu les as embrassées sans trop comprendre ce que tu faisais. Il t'a répondu, un peu surpris parce que tu n'avais pas l'air d'être gay. Tu t'es perdu dans ses bras.
Puis il y a eu ces moments cruels de lucidité. Tu te rendais compte de ce que tu faisais, avec qui tu le faisais, et tu avais honte de toi. Tu te dégoûtais toi-même. Tu refusais de laisser cela se dérouler. Mais tu finissais toujours par craquer, toujours. Il était plus fort que ta raison, et son odeur seule suffisait à te mettre dans tous ses états. Avec lui, cela allait toujours plus loin. Tu avais peur quand tu étais lucide. Mais avec lui, tu étais confiant. Et ta confiance t'a poussé à accepter l'inéluctable. Plus de retour en arrière possible. Voilà que vous étiez désormais un couple, un vrai. Évidemment, tu n'allais pas le dire à quiconque. Même ta meilleure amie l'ignorait. Tout le monde te pensait célibataire, et pareil pour ton copain. Quand une fille lui tournait autour, cela te rendait malade. Il était à toi, rien qu'à toi. Cependant, tu n'avais pas encore le courage d'assumer, et tu prenais sur toi pour ne pas répliquer. Personne ne savait que c'était ton copain, qu'il n'était pas un cœur à prendre.

Pour cette nouvelle année d'études, vous avez décidé d'habiter ensemble... comme deux colocataires. Tu n'as pas à t'inquiéter, ton secret est toujours bien gardé. Tout le monde est persuadé que vous êtes de super potes, en particulier ta meilleure amie. En même temps, c'est aussi une étape. Tu as toujours du mal à assumer le fait que tu es en couple avec lui, et pour toi, cela reste une colocation. Vous ne dormez jamais ensemble, en fait, vous ne passez aucune nuit dans le même lit. Vous n'êtes que deux colocataires. Et puis, pour être honnête, ce n'est pas ce qui te préoccupe le plus. Tu commences à comprendre qu'il n'est pas exactement comme il le dit. Qu'il a tendance à te manipuler, à ne pas être toujours totalement sincère avec toi. Bien sûr, il ne te ment jamais. Mais il te cache des choses. Il t'arrive de te lever la nuit, et de ne pas le trouver. C'est absurde, il a dîné avec toi pourtant, et il s'est ensuite enfermé dans sa chambre. Pourquoi serait-il parti ? Et parfois, il y a un peu de rouge sur lui. Tu ne comprends pas ce qui se passe. Il a toujours réussi à te cacher qu'il n'est pas normal. Et désormais, tu as la certitude qu'il possède un lourd secret. Il n'est pas humain.
Mais alors, il est quoi ?